Nia_l
Plasticienne
Extrait d'écriture
J’examine mon « Plaines de Sables ». Je l’interroge. Je l’étudie. Je m’y perds… Il s’agit d’une petite étude en jaune et blanc. Une miniature. Une peinture intime.
Un ciel blanc. Une mer jaune. Entre les deux, un horizon mouvant. Une terre possible. Sous les couleurs de surface, un fond structuré en noir et rouge carmin, en rose et vert intense. Par-dessus des rehauts regrattés pour une texture abimée et pourtant sublimée.
J’aime créer des espaces, des vibrations, des respirations à l’aide de la seule couleur, dégagée du trait et d’autres aspects figuratifs, qui séparent, encerclent, divisent, fractionnent, coupent, morcèlent et tuent.
Je me laisse guider par les couleurs vers une peinture d’atmosphères et de mouvances.
Je voudrais changer les couleurs du noir… Chaque jour je retourne à mes couleurs. C’est devenu une nécessité, un besoin, une exigence. Un devoir. Une aliénation ? Mais la peinture, cette chose si futile et si grave est exigeante. Capricieuse aussi. La création est une chose étrange. Les couleurs ne se donnent pas toujours. Les miracles sont incertains et rares. Le travail quotidien est long, harassant, solitaire. Ingrat. Il s’inscrit en dehors de toute logique. En dehors du temps. Il a à voir avec quelque chose de l’ordre de l’insensé dans un monde qui tourne de plus en plus vite et ne comprend plus que la rentabilité et la vitesse. C’est un corps à corps muet, un cœur à cœur intime et silencieux, qui laisse anéanti de fatigue, ahuri de doutes. Sonné. Découragé. Parfois soulagé.
J’aime à penser que mon travail rejoint dans une certaine mesure la lignée de la peinture classique et traditionnelle puisque comme les anciens, je travaille les couleurs sur toile, tout simplement. Des couleurs, une toile et l’espérance en plus.
Tout simplement.
Je me sens d’ailleurs totalement étrangère aux recherches des plasticiens actuels qui nous proposent des installations, des happening , des vidéos et autres concepts interactifs (…)
Je ne m’y retrouve pas et malheureusement, je crois bien que je n’y comprends absolument rien.
A toutes ces performances qui me laissent pensive, voire, désemparée, je préfère la sobriété de la toile, sa simplicité et l’authenticité du geste de l’artisan qui y pose ses couleurs.
Mon travail n’est pas un spectacle et si performance il y a, elle est à chercher ailleurs.